HistoireA taton dans le sable, les yeux collés par le sang et les sécrétions lacrymales. Il cherche désespérément à s'accrocher à quelque chose, à se hisser, se dresser. Le vent, par vague, ne cesse de battre d'un sable brûlant le visage tuméfié de cette silhouette rampante. A chacun des gémissements du survivant, ses lèvres gercées craquèlent dans une petite suée de sang. Quant enfin cet être mourant parvient à se redresser, titubant, préférant même retomber sur ses rotules, ses cuisses lourdement posées contre ses mollets, il cache alors son visage entre les paumes de ses mains.
Mais qui était-il ? Qui était cette personne à genoux, tremblotant, perdu dans ce désert innacueillant ? Lui-même n'en savait rien à dire vrai. Ses mains avaient quittés son visage et s'étaient écrasées sur ses cuisses. Le soleil couchant lui brulait le côté droit du visage, mais ce dernier ne sourcillait guère à ce désagrément, cherchant d'un regard perdu et inquiet son identité, ses souvenirs, son propre nom...
Il y avait eu dans ce désert un combat, c'est certain, une dizaine de corps jonchaient ça et là les quelques morceaux de dune où désespérait en son sommet cet être pitoyable. Les corps, vêtus de guenilles ou de vestes rapiécées, se faisaient peu à peu recouvrir d'un funeste sable vagabond. La silhouette fit de son mieux, s'appuyant sur ses cuisses pour se redresser, n'y parvenant pas il décida de dévaler un pan de la dune sur ses fesses afin de rejoindre le premier corps. Le survivant retourna le cadavre et il comprit immédiatement la raison de sa mort. Une machette, bien qu'émoussée, était domiciliée du menton du dit hôte jusqu'à son crâne. Fendant son visage par une sorte de belle " figure " symétrique. Le survivant eut un rapide relent, mais balaya de son être ce malaise pour commencer la fouille.
Celle-ci ne donna rien d'extra-ordinaire, elle était même plutôt décevante. Une section de cordage décommit, quelques morceaux de ferraille rouillées, quatre chemises trouées et du bric à brac à foison.. une fourchette sans dent, un bout de bois, une cuillère trouée, une sacoche en cuir moisie. Rien de bien intéressant. Il y avait aussi une miche de pain rassie, déjà engloutie par le rescapé.
Au loin, on pouvait observer un soleil rougeoyant, disparaissant derrière les dunes décoiffées par le vent. Si l'on cherchait du côté encore éclairé d'une de ces dunes on pouvait apercevoir cette silhouette à contre jour, vagabondant de cadavre en cadavre, commençant même à devoir en déterrer certains. La fouille n'avait rien donné d'utile. Il avait juste trouvé un large manteau matelassé qu'il s'était empressé de revêtir à la place de sa veste en cuir qu'il tassa au fond de son sac à dos. L'hypothèse échafaudée par l'amnésique était que deux groupes s'étaient affrontés. L'un était plutôt bien équipé, machettes, arcs, manteaux de cuir, l'autre, certainement de pauvres voyageurs, simplement habillés de vêtements troués et armé de battes en bois, de couteaux rouillés et d'une poêle. Pourquoi diable était il toujours en vie ? Comment avait-il fait pour survivre ? Dans quels groupe était-il ? Ou peut-être était-il seul...
Entre deux brises de vent on distinguait un bruit de course et un halètement irrégulier, voir au bord de la suffocation.
Animal ? Le survivant, accroupi, pivota sur ses pieds pour voir l'origine de ces bruits et fut surpris de rencontrer de toute la partie gauche de son visage la poêle qu'il avait auparavant jeté un peu plus bas dans la dune. Un bruit sourd de métal retentit. L'amnésique, balayé d'un coup de poêle s'écroula sur son flanc. L'ouïe sifflante, la vue approximative, il dessina néanmoins l'image d'un homme et d'une sorte de caniche à la robe camouflée de couleurs chaudes s'approchant de lui. Le survivant tenta de se redresser, faisant jouer ses abdos engourdis, mais rien n'y fit puisqu'un deuxième coup de poêle vint le sécher définitivement sur le sable.
[Plongée]Troisième porte à gauche. Prendre ensuite la deuxième sur sa droite. Le garde, Alfred Adath de quart entre minuit et quatre heure quarante-cinq un jour sur deux part toujours pisser à la soixante ième goute d'eau qui s'échappe du collecteur longeant le plafond du couloir..
[...]
J'écoute, Rorke...Les images se brouillent et s'éclaircissent. Les sons sont déformés
Appréhender les environs de Reiver.. Un visage d'horreur et déformé par la douleur apparut à la vue du rêveur.
Détruire.Un massacre,Un effort surdimensionné vous est demandé.
Souvenirs ? Les tiens..? Perdu au milieu du désert. Le canon d'un double coup enfoncé dans la gorge. Il presse la détente. Le chien meurt de faim. La raison est perdue.
Un d'entre eux se meurt à nouveau.
-
voix de femme, intransigeante : Rorke, mais qui es-tu ?
[sursaut]Le survivant papillonne des yeux, adosser contre un coffre. Une odeur de bouillon aux légumes flotte dans l'air. Le crépitement d'un feu mourant rythme ce réveil compliqué. Mains liées, adosser contre ce coffre, il semble s'être réveiller dans une sorte de grande tente arrondie, un feu cerné de pierre, situé au centre de cet espace, un vieil homme remuant copieusement le contenu d'une vieille casserole jette alors un regard furtif au prisonnier.
"
Tiens donc il se réveille sui'là. " Il lâcha la cuillère et le grand-père vint croiser les bras. Fixant le survivant d'un œil inquisiteur.
"
T'es qui au juste ? "
Le survivant se redressa avec peine, une douleur lancinante sur la partie gauche de son visage le faisant grimacer. Il eut du mal à lâcher ce maigre mot.
"
Voyageur.. "
Le vieil homme haussa les épaule et quitta son tabouret branlant. Il se saisit d'un couteau et s'accroupit devant le blessé. Il sectionna ses liens et lui tapota la joue.
"
Mouais.. T'as pas l'air bien vif pour un bandit. D'autant que... Ce p'tit truc t'appartient je crois, tout fou que j'te ramène ici il a fait la fête à ton corps.. Sans nul doute que c'est l'tient ! "
Le vieux siffla sèchement. Une petite tête poilu et encore endormie se dressa soudainement. Un chiot, qui fila droit sur le rescapé. Ce dernier, perdu, pris néanmoins l'animal entre ses jambes et le récompensa de quelques caresses incertaines.
Le lendemain.
Le survivant ne parlait guère. Le vieux quant à lui, Diego de son nom, assaillait l'inconnu de questions et de remarques bienveillantes.
"
Je n'ai pas ouvert ton sac. Tu n'as pas l'air d'avoir grand chose sur toi alors je te fais confiance. " Le vieux se laissa lourdement tomber sur son tabouret, se raclant grassement la gorge, il soupira : "
Toujours pas décidé à lâcher un mot ? Ça ne fait rien. Reste ici encore quelques jours s'il faut. Au moins jusqu'après d'main, le temps de t'remettre. " Diego prit une tasse entre ses mains et en huma le contenu avant de reprendre. "
Quand j't'ai trouvé t'étais déjà bien amoché.. J'ai pris peur quand tu t'es retourné.. Imagines, un grand gaillard comme toi, entouré de tous ces cadavres... Il s'est passé quoi là-bas ? "
L'invité, assit sur un matelas poussiéreux leva les yeux aux ciel, les mains appuyées sur ses genoux.
"
Je ne me souviens de rien.. Absolument de rien. "
Diego haussa les sourcils et posa sa tasse au sol avant de joindre ses mains. "
Pas-même un nom ?Rorke... résonance intérieur, désagréable sensation d'un souvenir effacé qui force l'amnésie, telle une aiguille au fond du cerveau.
L'invité fit non de la tête.
Diego se leva maladroitement sur ses jambes, tout en maintenant douloureusement le bas de son dos de sa main droite il se saisit d'un carnet en cuir posé près du feu, il le jeta au pied de son invité avant de se laisser retomber à nouveau sur son tabouret fétiche.
"
Curieux que tu saches écrire..Bon c'est bourré de fautes et parfois ça n'veut rien dire, mais quand-même.. En revanche tu dessines plutôt bien.. "
Le survivant feuilleta ce carnet avec intrigue. Des dessins, quelques mots écris ça et là..
"
Tu dessines des légumes aussi.. et une sorte de cabane entourée de bois et de verdure.. Beaucoup de visages aussi.. "
L'invité glissa le carnet à côté du chiot et se mordit l'intérieur de la joue, signe d'angoisse et d'incompréhension. "
Vous savez lire ? "
Le vieil homme esquissa un sourire avant de soupirer d'un air fatigué. "
Je n'ai pas toujours été marchand dans ces steppes hostiles. Avant je vivais au niveau 0 d'Hélion. J'étais chanceux, jeune on m'a apprit à lire et à écrire. Le travail, la cohésion dans la misère et puis j'ai parjurer. On m'a jugé et exclu d'Hélion. "
Le rescapé regardait d'un air vide le vieil homme.
"
Tu ne te souviens même pas d'Hélion ? Stréros ? Re... "
Reiver...Intégrer, venger et tuer. Massacrer.
...
je te conseil Stéros.. C'est un peu rude, mais ça vaut toujours mieux que cette dictature en devenir.. C'est plus au sud si tu souhaites t'y rendre. Sud Ouest pour être exact. Si tu pars, pars le matin, garde bien le soleil sur ta gauche pendant trois jours, ne marche que quand celui-ci est visible, puis au bout de ces trois jours attend l’après-midi, quand le soleil redescend marche alors dans sa direction, suis-le. Petit à petit tu devrai tomber sur des gens, des patrouilleurs, ils t'indiqueront le chemin. "
A ces mots les deux hommes continuèrent de discuter de tout et de rien. Mais ce carnet obsédait intérieurement le survivant. Des dessins de légumes. Des visages. Des pages avec des notes, des gribouillis. Il arrivait à peine à se relire, mais il saisissait l'orthographe, devinait les mots qui étaient écrits. Tout un tas d'informations encore en dormance.
- Rorke mais que fais-tu ?Six contre quatre. Vengeance, meurtre.
Le sang coule sur cette dune de sable.
Il hurle des souvenirs douloureux appris par cœur,
Puis tous se meurt.
Même lui.
Le calme, définitivement. - Mais Qui es-tu Rorke ?[sursaut]Sueur froide, peur, suffocation. Les maux dont était parcouru l'invité étaient pareil à un surin s'imiscant dans son crâne.
"
Qu'a tu dis..? " grinça Diego, émergeant tout juste de son sommeil.
"
Rien.. Je dois partir.. "lâcha l'homme en se jetant hors de son matelas. Il se rua sur son sac à dos et se ravisa. "
Tiens Diego. Pour ton accueille et ta patience. C'est tout ce que j'ai " dit-il en se séparant du blouson matelassé qu'il jeta sur les genoux du vieux.
"
Tu as parlé du désert.. Rorke. " soupira Diego en se frottant les yeux.
"
Vraiment ? J'ai cauchemardé.. j'me sens mal, je vais sortir un coup. " lâcha t-il à la hâte, il convia le chiot à grimper dans son sac, sortant au préalable sa veste en cuir..
"
Sortir ? Alors pourquoi tu fais ton sac.. "
Veste en cuir noir. Rorke.. Le rescapé monta la veste jusque devant ses yeux, l'examinant en détail, l'effroi se saisissant de son être.
Rorke..
Les Gueules de sables.
Hurlements, pleurs, supplications, le calme.. Enfin. "
Rorke..Mais, bon sang... " pensait à voix haute le vieux alors qu'il se remettait tout juste de ce sommeil agité. Simplement couvert d'un short rapiécé le vieil homme bondit hors de sa niche, se saisit d'un pistolet d'alarme posé sur son tabouret et prit en visée son invité.
La minute s'apparentait à de longues heures d'attentes. Le vieux, droit sur ses jambes, les bras tendus et joints sur l'arme de détresse, fixait l'homme. Ce dernier, les mains en l'air, argumentait tant bien que mal sur son identité inconnue.
Mais la jérémiade hasardeuse coupa court.
La queue de détente bascula. Machinalement, à la détonation, le survivant joint ses mains devant son visage, basculant son corps sur le côté, espérant esquiver le possible projectile. Seulement voilà, percuteur contre amorce, tout va bien, projectile avec cartouche à feu au départ, tout roule, mais un mauvais entretien vint faire tourner le tir au drame, le canon, bouché par des années de rouille et de crasse fit phase retour, aspergeant Diego de tout ces artifices.
Le vieil homme hurlait à la mort, un nuage de fumée s'amassant peu à peu en haut de la yourte. Le tissu derrière Diego prenait rapidement feu, le buste du vieil homme aussi, seconde après seconde le vieillard se transformait en véritable torche humaine, paniquant, gesticulant dans tous les sens, propageant le feu à grande vitesse, hurlant à s'en décoller la plèvre. L'invité fut prit de panique et décala aussitôt son sac près de l'entrée, le chiot à son bord, avant de se ruer sur Diego, le poussant violemment au sol.
L'homme entoura Diego d'une large couverture et frappa du plat de la main la silhouette empapilloté dans cette couverture fumante. Le vieux continuait de râler de douleur, avant de se débattre violemment.
"
Je vais te tuer fils de pute ! " hurla t-il en se dégageant de la couverture.
On voyait déjà les horribles dégâts de la fusée sur son visage. Cloques, peau fondue, à vif par endroit. Il n'en gardait pourtant pas moins de la force, saisissant son invité à la gorge, resserrant son étreinte. Une étreinte remplit de haine et de colère. Le rescapé ne comprenait pas cette réaction,
Ou du moins avait peur de la comprendre.
Instinct de survie, le survivant logea son genoux dans l’entre-jambe de son hôte, ce dernier laissa échapper sa strangulation avant de repousser son invité de ses deux jambes, et ce dans un dernier élan de force.
Le vieux, pareil à un monstre défiguré, se saisit d'une machette et posa alors un regard écœuré sur Rorke.
- Rorke. les gens hériteront toujours de ton passé, mais toi, tu le subira crise après crise. "
Diego.. Mais que fais-tu ? " souffla le survivant, essoufflé, à bout.
Le brasier ne cessait plus de prendre de l'ampleur. Rorke, l'avant-bras en parade devant son visage pour ne pas sentir la chaleur lui assécher les yeux, Diego, titubant en sa direction, arme à la main. On pouvait entendre, entre la complainte du brasier naissant, les pleurs du chiot abrité dans le sac de Rorke. Entre deux nuée brulante de fumée Diego se retrouva au devant de Rorke, pointe de sa lame en direction de l'estomac de l'invité, tenu fermement de ses deux mains.
[64] Rorke parvint à stopper la lame en la saisissant de ses deux mains.
Le métal saillant taillait avec faim la chair de Rorke, ses paumes sanguinolentes, d'une poigne de fer il empêchait néanmoins la pointe de venir fendre son ventre. Le vieux grimaçait, ne lâchant pas de son dernier œil son invité.
"
Tu n'as pas le droit au bonheur Rorke. " à ces mots Diego tenta une poussée décisive, mais rien n'y fit, Rorke balaya la jambe fébrile du vieux, ce dernier, perdant aussitôt son appui relâcha la pression sur le pommeau de la machette, recevant en enchainement un coup de pied dans le sternum.
Diego valsa jusqu'au fond de la tente, là où le brasier rougeoyait le plus. L'homme reprit instantanément feu. Ses cris, déchirants, se déformaient peu à peu, passant d'une voix d'homme à celle d'une engeance qui se meurt, des hurlements grésillants, horribles, terrifiants.
L'odeur piquait affreusement le nez, la fumée les yeux. Rorke fit volte face et se rua vers la sortie, le bras devant ses yeux en pleurs, il se saisit au passage de son sac, malmenant l'animal dans tous ce tumulte de panique et d'improvisation.
Au dehors de cette tente il faisait nuit. Rorke n'était encore jamais sorti de cette yourte. Le brasier lui brûlait le dos, le chiot gesticulait dans son sac. Diego vivait donc seul. Le crépitement du foyer et les derniers râles d'agonies de Diego ponctuaient le silence de cette nuit désertique.
Rorke s'en alla.
Sans regarder derrière soit
Son carnet réduit en cendre,
Le visage de cet homme à jamais graver dans sa tête.
Cette soirée en mémoire, comme un film qu'on rembobine et qu'on rejoue sans cesse,
Comme une mélodie qui nous reste dans la tête.
- Rorke, je t'aime..Je suis parti. C'était mon ami et il a voulu me tuer. Pourquoi ? Qui suis-je. J'ai presque honte d'utiliser ses conseils pour trouver mon chemin.
Son visage reste gravé dans ma tête. Je dessine chacune des imperfections de son visage sans avoir à me ruiner la mémoire. Je suis fatigué. Diego aussi.
Diego, le petit pataud caché au fond du sac.
______
Dédés le jet de dès.
[64] -
parade dangereuse - Rorke est entaillé à la paume de ses deux mains. Aura du mal à avoir des mouvements précis, une tenue correct des objets, risque d'infection probable. durée minimum : 6 jours
(phase RP)