HistoireLittoral : enfance / adolescence Les embruns viennent plaquer les mèches de cheveux d’une femme sur son visage. Elle observe la mer, l’air triste, les mains soutenant son ventre trop rond. Un homme la hèle, Lani détourne son regard de l’horizon et cesse de rêver de s’évader. Elle voudrait disparaitre, quitter cette vie de labeur et d’injustice, mais il ne la laissera pas partir. Ni elle, ni ses enfants. Pouvoir enfanter est une denrée bien trop rare depuis des dizaines d’années. Les clans se flétrissent et pouvoir avoir une fille est béni. Lani prit chaque nuit pour ne pas donner naissance à une fille, refusant qu’elle subisse son sort soumis à la loi du plus fort. Pour le moment, le plus fort, c’est lui. Il a beau laisser la vie sauve aux jeunes garçons, l’idéal serait d’avoir une progéniture capable d’enfanter à son tour.
Mais cette fois encore, un pénis marquait l’entrejambe du nouveau-né. A demi soulagée, Lani baptisa son enfant et jura de le protéger avec la même ferveur que ses ainés. Nadzim, bientôt surnommé Ness par sa fratrie. Garçonnet blond aux yeux clair, il va rapidement trouver sa place dans le clan et grandir sainement. Il n’a pas conscience de l’influence de l’homme sur sa mère. Cet homme ne se fait pas appeler papa, il dirige juste le clan d’une main de fer, tous travaillent et apportent plus que leur pierre à l’édifice. Nadzim est le dernier enfant qu’aura Lani, troisième encore vivant. L’homme maltraite Lani car elle n’a pu lui offrir qu’une fille, morte d’une fièvre hivernale peu de temps après la naissance de Nadzim. Tous vivent simplement, rationnés et contraint de perpétuellement travailler. Seulement, l’homme n’avait pas prévu une chose en ordonnant à Ness de se former à la charpenterie. L’adolescent est devenu plus costaud et s’est bâti une réputation d’homme fiable, loyal, fraternel. L’homme n’avait pas prévu qu’un jour, Ness grandirait et perdrait ses œillères habituellement maintenues par la peur. Un coup de trop a suffi. Lani, affaiblie par l’âge et le fait d’avoir donné naissance, vient de rentrer avec une lèvre fendu, l’œil gonflé. Son vêtement est déchiré. Les aînés ne remarquent rien, perdu dans leur tâche d’écailler les prises du jour. Ness lui, comprend de suite. Dans la nuit suivante, il affronte l’homme en huit clos, il ne veut que la paix pour sa mère, mais ils en viennent aux mains. L’homme n’aime pas être défié. Et cet orgueil le tue, en même temps que Nadzim lui plante une large lame dans le cou.
Pour son acte il est fermement remercié, sommé à tout juste 20 ans de quitter le clan et ne jamais revenir.
Au sud : l’errance d'un jeune adulteNadzim part donc, un paquetage sur le dos, vers le nors-est. Il longe d’abord le littoral, survivant tant bien que mal. Durant ces longs mois en solitaire, il perd du poids, s’émacie, pleure. Au fil des rencontres, il intègre des clans et offre son savoir-faire, mais jamais il ne reste très longtemps. Il entend parler des légendes plus au nord, que la capitale est imprenable mais qu’il existe un bastion. Son clan de naissance était trop isolé depuis des générations pour se tenir au courant. C’était la propagande, l’homme manipulait ses gens et leur faisait intégrer qu’il n’y avait rien de mieux ailleurs. Ness passe plus 6 ans en exil, à errer de plaine en plaine. Il voyageait à pied, le moins lourdement chargé. Après quelques braquages ayant marqué son corps de cicatrices, il a compris que moins il possédait de biens, plus longtemps il vivrait. Plus son périple continuait, plus il apprit des choses. Chasser, traquer, manipuler, faire du troc. Il n’a aucune de ces compétences acquises à la perfection, mais c’est un touche à tout. Seulement la solitude lui pèse, et bien qu’implanté dans un clan nomade longeant le littoral, Nadzim n’a qu’une envie. Rentrer chez lui. Comme il est parti, le jeune homme vieillit de 7 ans retrouve son clan natal un simple paquetage sur le dos. Planté sur une dune, il observe le grouillement des membres mais remarque que beaucoup de huttes sont effondrées. Quelques gens le reconnaissent et l’accueillent avec malaise. Sa mère et ses frères sont mort lors du raid d’il y a quelques mois, instigué par un clan voisin. Il ne sert à rien de rester là, rongé par le chagrin, dans ce clan qui lui aura tout prit.
Des mois d’errances se profilent à nouveau, mais cette fois Nadzim sait comment se nourrir, éviter les pièges et berner les éclaireurs d’autres clans. Perpétuellement armé d’un long couteau pendu à la ceinture, il avance et découvre la forêt dont les voyageurs lui parlaient quand il était enfant.
Le clan de la forêt : un semblant de stabilitéSous le couvert des arbres, Nadzim fête sa première année d’intégration au clan des Feuilles. 30 ans qu’il vit sur cette terre souillée, un an qu’il a retrouvé un semblant de famille. Menés par un ancien soldat, à ce qu’il raconte, le petit groupe vit dans une cohésion telle qu’ils ont choisi de se sédentariser. Le reflet des flammes lèche le visage de Ness, levant une gamelle en terre cuite dans un geste avec les autres membres du clan. Tous ont le sourire aux lèvres lorsqu’ils portent la gamelle à leurs lèvres. La goulée d’alcool laisse un sillon brûlant dans la gorge du jeune homme avant qu’il n’aille embrasser une brune planté en face de lui. Ils fêtent aussi la future venue d’un enfant, inespéré en ce temps douloureux. «
Je t’aime Ness. » La brune soutient son ventre, telle Lani regardant l’horizon. Son regard est perdu dans le bleu des yeux de Nadzim. Ils se sont trouvés et ignorent qu’ils se perdront dans quelques mois.
Ses cheveux bruns sont poisseux, elle ne respire plus. Du sang macule le sol terreux. Seuls les cris d’un bébé brisent le silence sous la hutte. Ness pleure en laissant partir sa femme, accueillant malgré tout un fils en bonne santé. Il est baptisé Elias sans réelle raison, et grandit uniquement grâce au lait de Sally, la chèvre du clan. Mais cela coute cher de monopoliser le lait d’un clan, aussi, Ness est contraint de se diversifier. Il part régulièrement chasser, laissant sa chair aux soins de la nourrice, femme du chef de clan. Parfois plusieurs jours, car selon la météo, les animaux se cachent et il est hors de question de revenir bredouille. Mais un soir, sur le chemin du retour avec quelques lapins accrochés à la ceinture, une odeur de brûlé pique son instinct de survie.
Il court de plus en plus vite, sautant agilement par-dessus les racines, esquivant les branches basses, serrant la crosse de sa lame de toutes ses forces, prêt à dégainer. Nadzim déboule dans son clan comme une furie, un masque de peur sur le visage. Figé au centre d’une scène d’horreur, il reste immobile quelques secondes. Tout autour de lui n’est plus que cendre ou feu étouffé, des cadavres jonchent les pas de portes, la cabane centrale est effondrée à cause du feu. Lorsque ses membres se débloquent, Nadzim pousse un hurlement d’angoisse en se précipitant vers sa propre demeure. Des larmes brouilles sa vision mais il distingue que tout à été retourné. Il n’y a plus de nourriture, les coffres sont vides. La peau de loup qui ornait son lit a disparu. Des pillards. Ils ont tout prit. Non, Elias devait être avec sa nourrisse ! Mais dans la hutte du chef de clan, il n’y aucune trace du bambin près du corps de la femme. Le père cherche partout mais il ne trouve aucun petit corps. Il s’effondre au centre de la pièce et laisse échapper un ultime cri d’anéantissement, laissant des larmes de rage couler sur ses joues. C’est là qu’un petit bruit qu’il ne connait que trop bien lui parvient à l’oreille. «
Elias ! » cri-t-il en se relevant, manquant de trébucher sur un tabouret renversé. Le bébé pleure mais il ne le trouve pas. A coup de gestes désespérés, il retourne chaque objets jusqu’à découvrir l’impensable. Sous un énorme bac à grain, un lange se débat dans les céréales. Nadzim s’en empare et ne comprend pas bien, mais il sent son fils, ses mouvements, l’humidité de ses larmes, la chaleur de son corps. Petit à petit, il réapparait sous le regard estomaqué de son père. Partagé entre la peur et la joie, Ness recouvre le petit d’un linge épais et se pose, las, perdu dans ce clan décimé.
Le coeur du continent : en route pour SterosLa légende des gènes lui était arrivé aux oreilles mais rien ne laissait présager que son petit en hériterait. Vient-il du côté paternel ou maternel ? Si c’est du côté de Nadzim, peut-il un jour espérer devenir invisible à son tour ? Où peuvent-ils se réfugier ? Ce sont tant de questions que le jeune homme se pose, cheminant vers le nord à la recherche d’un refuge. Tout juste âgé d’un an, Elias reste planqué sous les vêtements de son père, contre son torse. Il se nourrit tant bien que mal de purées que Ness fabrique au jour le jour, en fonction des plantes alentour. Tous deux fatiguent, les nuits restent fraiches et chasser est très dur quand on a un enfant contre soi. Plusieurs fois, Nadzim évite des éclaireurs grâce à ses compétences construites durant ses années d’exil. Mais ça ne durera pas, et il ignore si les clans du coin sont tolérant ou non. Un fois, il rencontre contre son grès un duo de voyageurs, étonnement amicaux. Sans doute que la vue d’un enfant les rend moins rêches. Tous partagent le souper autour d’un feu de fortune, et les voyageurs indiquent un lieu où le père et le fils pourraient trouver refuge. Un bastion nommé Steros situé à plusieurs jours de marche en direction du nord-ouest.
Au grès des hasards, Nadzim reste quelques nuits dans une grotte assez bien cachée pour éviter les pluies torrentielles, parvient à se confectionner une lance avec un jeune noisetier et un caillou issu de la grotte. Il tue une petite proie ressemblant à un daim, fait sécher sa viande et peut se nourrir correctement pendant encore quelque jour. Elias marche mais il n’est pas assez grand pour suivre le rythme, heureusement qu’il mange peu et reste mince, suffisamment pour être porté sans peine. La dernière trouvaille du duo en péril est la plus importante. Un vieux cheval visiblement domestiqué mais retourné à la nature. Des cicatrices zèbrent sa robe sombre sur le poitrail, l’épaule et le haut des membres. Un ancien système d’harnachement est toujours sur son crâne, couvert par les poils et le crin. Rapidement attrapé, l’animal est docile et se laisse mener vers le nord, d’abord lentement pour instaurer un début de relation de confiance, puis de plus en plus près. Ness n’a pas souvent eu l’occasion de chevaucher, mais si l’animal l’accepte sur son dos, cela sera plus rapide.
C’est après de nombreuse tentative, Elias suspendu à une branche grâce à un harnais maison, que Ness parvient à contraindre l’animal à sa volonté, non sans quelques chutes. Cela fait plus de cinq semaines que Nadzim et son fils errent dans la forêt, ils s’affaiblissent et l’économie d’énergie offerte par l’équidé est bénite.
Même si le soleil peine à percer la canopé de la forêt, Ness parvient à s’orienter au pas. Jamais de trot ni de galop, trop peur de chuter et de tuer Elias, toujours sanglé autour de son torse. D’après ses calculs et ses maigres connaissances en orientation, ils ne devraient plus être bien loin du bastion tant recherché : Steros.
*** Situation ***
Pour l’heure, Nadzim n’a pas le don d’invisibilité.
Il croit être pas loin de Steros mais je pense qu’il est près du clan de Sillon, j’aimerai commencer à jouer là bas avant d'aller au bastion :D